Pas facile la vie de couple
Aujourd'hui, le soleil est revenu. Enfin au moins dans le ciel. A la maison, c'est plutôt morose, et on dirait que ça empire de jour en jour... Dès que j'ouvre la bouche, mon mari y voit une critique. Dès qu'il fait un commentaire, je le remballe. Dès qu'on passe plus d'une demi-heure ensemble, une crise diplomatique s'abat sur notre couple. Je me demande comment on a pu en arriver là.
Quand j'ai décidé de ne pas continuer dans la série de CDD qui m'était proposée, dans mon ancien journal, c'était en grande partie parce qu'on voulait pouvoir plus profiter l'un de l'autre. Les weekends à bosser, les soirées à rallonge passées à la rédac, les astreintes de faits div, tous ces trucs qui rythment la vie d'un journaliste (et la rende si palpitante à mes yeux....) nous bouffaient un peu, et il se plaignait souvent que mes collègues me voyaient plus souvent que lui.
Soit. C'est vrai que moi aussi, j'avais un peu l'impression de me faire bouffer par cette locale, où les chefs avaient trouvé de bons larbins pour faire toutes les taches dont ils ne voulaient pas. Les corres à gérer ? Pour bibi. La pagination à préparer ? Pour bibi. Le programme des cantons ? Je vous le donne en mille. Encore pour bibi. Et j'en passe. Alors les pauses déjeuner se faisaient au journal, un sandwich dans une main, le téléphone dans l'autre. Les journées de 11 heures étaient normales. Et on ne se voyait pas beaucoup.
On tourne en rond
Mais avec le recul, les moments qu'on passait ensemble étaient sacrés. On savait en profiter et apprécier ce temps partagé. Depuis qu'on a déménagé, nos conversations tournent toutes autour du fait que je ne retrouve pas de travail. Je me sens nulle et il ne sait pas me rassurer. En tout cas, pas comme je voudrais. On tourne en rond. On va dans le mur.
Et ça m'angoisse. Mon homme, c'est ma bouée de sauvetage. Il a toujours été là pour moi au fil des ans, dans tous les régions de France et de Navarre où j'ai trouvé du travail. Il a démissionné au gré de mes contrats, a fait ses valises avec moi.
Aujourd'hui, il faut que je le retrouve et qu'on partage à nouveau de vrais moments. Parce que perdre ma carte de presse, c'est une chose. Risquer de perdre ma moitié, c'en est une autre. Que je n'accepterai jamais.